Les Putains, les rufians et la République
Les putains, les rufians et la République Histoire de la prostitution à Venise du XIIIème au XVIIIème siècle Edition en français du livre "Meretrices" de Giovanni Scarabello Traduction en français par Ilona Gault. Violettes des rues ou femmes au balcon, défiant les innombrables interdits et une justice tour à tour brutale ou compréhensive; putains abusées ou profiteuses auprès de leurs maquereaux et amants; charmeuses prétendues remparts contre les tentations sodomites; femmes à soldats chassés de l'armée défendant la lagune; courtisanes éduquées dans les beaux arts dont celui de la tromperie; nonnes débauchées qui ont inspiré le « divin marquis »; beautés savantes à damner les philosophes des Lumières; fl étries devenant maquerelles, indicatrices, ou converties, premières affl igées par le « mal français »... Ces images des meretrices de la République de Venise, et bien d'autres, revivent dans ce livre précis et documenté, qui fait la part entre la réalité des phénomènes d'une prostitution installée et transformée pendant un demi-millénaire et les mythes littéraires ou populaires qui en ont découlé. L'évocation de leurs prénoms, qui ressortent des papiers de justice et autres registres, font s'exhaler un peu de parfum de femme retenu entre leurs pages. Au-delà, se profile un vaste champ de réflexion sur la gestion sociale de la prostitution. La République de Venise s'est efforcée de tout essayer, selon l'esprit propre à chacune de ses époques, pour organiser, moraliser, éduquer ou éradiquer la prostitution. Avec in fine un résultat paradoxal: les milliers de femmes qui la pratiquèrent, dans une certaine spécifi cité propre à Venise, disparurent invaincues en même temps que la République, mais ont laissé une empreinte indélébile attachée à l'image de la cité des eaux troubles, des masques, et des ombres, une incontestable composante cachée du « cliché » touristique de la cité de l’amour.